En février 2019, lors d’une conférence organisée par l’UNESCO et le Centre du Patrimoine Mondial, intitulée Coopération transfrontalière pour une gestion efficace des sites du patrimoine mondial en Afrique, des cadres de la SMFG ont fait une présentation conjointe avec le Colonel Cécé Papa Condé, Directeur général du CEGENS, sur la « Collaboration transfrontalière pour la conservation des monts Nimba expérience de la Guinée » – voir l’édition 41 de Nimba Info de mai 2019. Suite à l’atelier, les présentateurs de l’étude de cas ont rédigé un article sur la base de cette présentation, en langue française, disponible ici.

La collaboration transfrontalière pour la conservation de la zone du Nimba a connu des moments plus actifs ainsi que moins actifs depuis 2001, année où les premiers efforts actuels de collaboration transfrontalière ont réellement démarré. Parmi les facteurs qui ont contribué au succès de cette initiative, il faut noter:

  • Une volonté explicite de la part des hautes autorités – ex. ministres, présidents – précisée dans des déclarations et des accords signés qui chapeautent des actions conjointes sur le terrain,
  • Le dynamisme et l’engagement des directeurs des autorités de gestion et leur personnel sur le terrain, acceptant parfois des sacrifices personnels et des conditions difficiles, et rejetant l’inaction avec pour excuse des ressources inadéquates,
  • La pleine participation des représentants des autorités traditionnelles, responsables de la population locale, protecteur ou menace ultime des aires protégées,
  • La participation et le soutien politique et moral des autorités politiques locales (ex. préfets, surintendant, maires) qui mobilisent la participation des forces de l’ordre public pour renforcer les efforts des autorités de gestion dans les zones frontalières où celles-ci ont particulièrement besoin d’un cadre d’opérations clair et solide pour appliquer la loi,
  • Des partenaires actifs comme des ONG – et en premier lieu FFI – et des sociétés minières qui non seulement ont contribué au financement et, c’est encore plus important, appuient le processus sur le plan logistique et avec des données et d’autres apports techniques, et
  • Une souplesse qui a permis à la Guinée de faire évoluer la collaboration de façon organique, opportuniste et efficiente sur le terrain, menée par le personnel de terrain, sans bureaucratie ou planification lourde.

Le succès d’une collaboration transfrontalière doit débuter par un dialogue honnête, qui ne cherche pas à accuser mais qui laisse chaque partie exprimer comment elle voit la situation tout en restant ouverte à d’autres perspectives et susceptible de changer d’avis. Il en est de même pour l’implication des sociétés minières – trop facilement considérées ennemies de la nature, mais qui pourraient faire des contributions importantes si leurs activités sont menées dans le respect des normes environnementales et si elles s’engagent à appuyer la conservation et le développement durable dans et autour de leurs zones d’intervention – dans les efforts de conservation des aires protégées et de la biodiversité.

Ensuite, pour soutenir la collaboration, mieux vaut avoir des appuis matériels et financiers modestes mais continus, plutôt que l’abondance suivie de la famine. C’est-à-dire que rien ne sert d’avoir de grandes structures, avec des rencontres régulières et des plans de travail qui tentent de tout faire, si les ressources ne sont pas garanties. Le succès d’une initiative modeste mais efficace garantira son propre avenir.